It's not easy facing up when your whole world is black. L'obscurité lui serre la panse. Mirettes rondes comme des perles nacrées, il scrute la grande Nyx qui, de son Siège, engloutit les bois. Les ombres chevrotent à travers les mirages lunaires. Ramassé sur elle-même, la frêle carcasse supplie quelques Dieux anciens de lui ramener ses parents. Mais en vain. C'est sa guibolle qui s'esclaffe malgré le noir, malgré le désespoir. Parce qu'elle n'est pas semblable à sa seconde. Quelle tristesse pour les géniteurs et leur couronne maudite ! Comment pourraient-ils porter cet enfant, ce rejeton, ce bœuf à la patte folle ? Et ces simagrées, ces rictus contrits, ces sourires écœurants qui dégueulent d'une empathie larmoyante ? Les chats-huants s'égosillent au loin. C'en est risible, bien évidemment. Et lui, il glousse du ventre-même de la terre. Pauvre bambin ! Le gèle lui brûle les naseaux. Les minutes s'égrainent. Les heures, peut-être. Alors il esquisse quelques arabesques insensées dans la poudreuse. Ils reviendront. Mais dame louve gronde le contraire dans le lointain. Le glas soupire. Tic-tac. Le souffle se fige du froid des condamnés.
I see my red door and it has been painted black. Beauté méphistophélique. Marâtre à la mélodie suave. Point de grimace sur le front du Candide. Il enserre la main délicate qui, sans contrainte, l'entraîne plus bas encore. Est-ce cela la mort ? L'est-elle ? Mais son sourire balaye les interrogations. Et la raison s'enlise sous la tignasse éparse. La peur se balaye de sa simple œillade. Sûr que la Fin l'emmène plus loin que le silence. Quelques mots susurrés çà-et-là s'en viennent cajoler son myocarde gelé d'effroi. Mais le givre ne cède pas totalement. La tristesse perdure, là, sous la viande bleue. Pourtant, Capucine redouble d'efforts. Et ses caresses échauffent la peau craquelée malgré l'apathie. L'ombre d'un rictus tremblote alors sur la trogne du marmot. Quelques secondes seulement, avant que le chagrin ne vienne l'accabler à nouveau.
« Regarde, mon enfant, regarde plus près... » L’œil cherche à travers son propre reflet. Une étincelle. Un frémissement, peut-être ? La glace miroite devant lui. Et, bientôt deux chimères s'animent d'hérésie. Papa ? Maman ? Sûr qu'ils sont là. Par delà la psyché.
« N'en abuse pas, néanmoins, beaucoup sont devenus fous. » Mais il n'est déjà plus.
I look inside myself and see my heart is black. L'aigreur lui grignote l'âme. Papa et maman s'égosillent. Leur existence n'a point d'ennui malgré son trépas. Pas un jour, sans qu'il ne s'immerge à travers cette existence qui ne lui appartient plus. Des mois, des années, sans aucun doute. Lui aussi, il s'hilare. C'est la rage, sous la mâchoire anguleuse, qui gangrène jusqu'au dernier ventricule. Son front s'écrase contre la psyché. Une fois. Deux fois. Trois fois. Un sang qu'il devine vermeille entache la gueule enfarinée de la madone éprise de se voir pompeuse de l'autre côté du trumeau. Alors il gratte le derme jusqu'à s'arracher l'ombre d'une supplique. Idiot, de songer aux regrets qu'ils auraient pu éprouver. Et tout cela pour quoi ? Pour ne point flétrir l'image d'un matricule ! Les poings fracassent le visage impeccable de la génitrice sans qu'il ne se chiffonne une seule fois. La hargne lui dévore le gosier.
« Stupide race humaine, toujours à se flatter d’apparats !... » Une énième œillade. Une dernière, l'espère-t-il. Mais la cohésion est intense, cette fois-ci. Le voit-elle ? Elle-même semble en douter. Ses lèvres esquissent quelques palabres muettes, cependant.
Kellyan ? Puis le néant. Elle s'effondre, poupée de chiffon sur le linoléum.
« Qu'as-tu fais ? », que s'éprend Capucine dans un lointain sirupeux. Seulement, le malotru s'enorgueillit d'une
prétention qui ne le concerne pas. Quelques effluves florales lui chatouillent les narines. Et le calme s'en vient de nouveau.
« A mon tour de me repaître du narcissisme, Capucine. » No colors anymore I want them to turn black. Malheureuse ! Arenne; Reine de l'hiver, pleure sa suprématie. Le règne de la glace étend son joug. Les larmes s'écoulent, pluie de flocons sur ses pommettes blêmes. Sans doute pour cela, qu'il se plaît à la contempler quelques fois. Parce qu'elle ne transpire ni fioritures, ni tralalas. Quel repos, pour l'homme au cœur gelé d'une âpreté éternelle ! Mais le désarroi de la dame ne connaît aucune accalmie. Et lorsqu'elle s'éprend d'un énième soubresaut, c'est en pleine iris que Kellyan reçoit l'éclat de givre. Le miroir s'ébroue sous le choc. Il s'en effondre. Ce n'est qu'à son réveil, qu'il constate l'impensable: sa prison de verre n'est plus. La mort l'a finalement dégueulé.