Chapitre 1: Et passe-passe, le temps dans ma poitrine
On dit que je suis né le jour le plus froid du monde ; on dit que je suis né avec le cœur gelé. On dirait même qu'on m'a porté à bout de ventre en haut de la Valley qui surplombe la ville et ses clochers. Là vivait dans une drôle de maison, un vieux prêtre dit fou par tous les habitants. Alors qu'il passait son temps à réparer les gens, les perdus, les cassés, avec ou sans foi, l'Archidiacre me dit que j'étais un miracle du temps. Alors, il retourna les aiguilles de sang sous mon myocarde, entuba mon aorte d'un ressort et déclencha le chronomètre. Vingt-quatre heure, me dit-il, c'est le temps que tu as avant de devoir remonter ton horloge à l'aide de ce cliquetis de bronze; si bien qu'en collier, je me l’appropria. Je n'ai pas de mère ?, demandais-je régulièrement au Grand Père. Elle est morte de froid en t'offrant une vie sans cœur, mon fils. Un père ? Et il m'avait répondu que le temps lui avait filé entre les doigts et que j'étais le dernier descendant de la lignée des Scarvitchers.  Les Vitchers sont tes cousins par l'Histoire, mais jamais sous leur Capitole ils ne t'autoriseront à signer. Alors je lui affirma que je serais comme la pie dans l'arbre: j'exercerai leurs lois pour mieux les évincés. Les Scarvitchers ont cela dans le sang, le sais-tu ? me répétait-il chaque fois que nous consultions les livres des Grandes Familles de l'Âge de Marbre. Pourquoi guère mes ancêtres n'eurent jamais réussit à remplacer leurs égoïstes cousinades ? Alors je signa sous l'Autel qu'un beau jour, je serai père d'une fille qui sera l'engrenage immiscé dans leur famille et qu'à ses heures, elle les enterra un peu plus. Le temps leur est compté. Eden riait comme un prêtre, mais je voyais dans ses yeux que pas une once de doute sur mes compétences il n'avait. Pouvons-nous aller au Parc, mon Père ? Elle fait battre ton horloge, cette petite marquise, n'est-ce pas ? Je lui offrirai la clef de mon cœur, un jour. Va retrouver ta petite flamme, mon grand, les âges t'ont bien offert la rouille suffisante pour prendre ton temps en main.


Chapitre 2: Et tout-à-tour, la magie fait rouage

Et Notre Père Vangelis sourit, à la vue de ce baiser à l'ombre de nos prétentieuses familles. Il caressa le ventre de ma fiancée et me déposa son regard complaisant. Il était persuadé que Quinzel attendait une fille, et notre tour de passe-passe serait en marche.
- Est-ce fait mon fils ?
- Je dois vous avouer que j'ai particulièrement apprécier écarteler cette mijoré pour l'arroser comme il se doit. Je crains même que quelques gouttes de mon doux vin blanc ne lui caressent encore l'engrenage.
- Parfait. J'irai l'engrosser de quelques psaumes et l'imbiber de mauvaises potions.
- Je la souhaite grosse comme un boeuf, mon Père.
- Elle sera persuadée d'attendre une fille, soyez-en sûr, mes fils.

Et il ne mentit pas. Madeleine Vitchers était persuadée de posséder ma main, ma future fille et ma clef. En réalité, elle ne possédait qu'une aiguille rouillée qui ne remontait nullement mon horloge. L’élixir du Père, doux jus d'ambroisie, retardait l'échéance et m'offrait suffisamment d'heure pour rejoindre ma dulcinée, qu'elle puisse faire battre à nouveau mon cœur et mes rognons. Alors, lorsque ma belle Quinzel perdit ses lunettes et les eaux, je m'en alla m'abreuver de Madeleine, cet infâme plat. Dernier dessert.
- Est-ce fait mon fils ?
- Je dois vous avouer que j'ai particulièrement apprécier écarteler cette catin pour la saigner comme il se doit. Je crains même que les chiens n'aient pas laissé un seul os.
- Parfait. Je prierai pour que le diable l'enfourne par l'arrière chaque mardi.
- Je le souhaite, mon Père.

Ce que je ne savais pas, c'est que mes tours avaient des failles. L’aînée Vitchers, Eva, avait l’œil bien trop attentif. Elle savait que sa sœur Théa, n'était pas de sang pur, mais la fille d'une Damcoeur, ma Quinzel. Alors, elle maudit l'enfant d'une couleur verte. Et son épiderme prenait la mauvaise teinte chaque fois qu'Eva la rendait jalouse. Par chance, les Politiciens du Capitole n'avait pas pris compte des dires farfelues d'une gamine de tout juste trois ans. Alors, notre belle Théa pu obtenir le Capitole à ses vingt ans, comme convenu. Ma petite verte devait pourtant ignoré la réalité de sa naissance, sous peine de devoir affronter cette satané nièce d'Eva. Aussi vile et jalouse qu'une hyène, aussi puissante qu'un volcan, cette garce avait l'emprise sur la situation. Mais elle savait qu'elle ne pouvait point s'exprimer, sous peine d'exposer sa nature au grand jour... Et Dieu sait que les sorcières sont mal vues à Faraway, et qu'il n'y avait pas que le grand Eden Vangelis qui souhaitait leur nuire. Alors, Eva et moi sommes contraints de nous taire, jusqu'à ce qu'un nouveau tour de passe-passe me vienne et que je puisse relancer le temps à ma guise. Ma belle Quinzel, bientôt, pourra rencontrer sa fille.


Chapitre 3: Et coule-coule le carmin dans l'aorte
- Je vous en conjure mon père, faites quelque chose ! Engagez ces fichus Miservair s'il le faut, ils vous tailleront des arbustes à n'en plus finir, ça changera des citrouilles !
- L'ambroisie est rare mon fils, je ne peux pas en faire pousser aussi rapidement par miracle !
- JE CROYAIS QUE C’ÉTAIT VOTRE TRUC, LES MIRACLES, LA LUMIÈRE LES BOUGIES ET TOUT LE TRALALA ! ... Pardonnez-moi, mon père.
L'Archidiacre déposa sa main chaude sur mon épaule meurtrie. Le jus d'ambroisie que j'eus été contraint de prendre durant les mois passés aux côtés de Madeleine derraillèrent mon horloge. Si bien que parfois, un cliquetis de ma belle Quinzel ne suffisait pas. Certes, la clef remontait toujours mon horloge, au soir claquant, mais parfois, les aiguilles grinçaient, et il était tout bonnement impossible à mon âge d'en changer les rouages. Et cette satané plante, si rare, avait suffisamment d'acide et de minéraux pour offrir quelques battements de plus à mon myocarde. La viande, le vin, les arômes de la vie ne suffisaient plus. Alors, parfois, je devais passé autant de temps à lécher cet élixir de malheur que ma belle Quinzel. Mais le Diable semble avoir pissé dedans: le jus m'inflige une impulsivité et une colère si forte que je ne contrôle plus mon être lorsqu'il s'étreint à mes veines. Alors, à plusieurs reprises, je dois me retirer du capitole sous peine de laisser mes pulsions étreindre la gorge d'Eva. Les Politiciens seraient capables de m'éradiquer de la métropole et d'évincer notre fille, notre Théa, pour offrir son siège à la dernière Vitchers: Gina. Bien que Théa soit prononcée comme l'héritière, son sang Vitchers (soit disant par sa mère Madeleine, alors qu'il en était tout autre...) mêlé au miens, celui des Scarvitchers, ne suffiraient pas à garder notre place.

Mais Gina était maligne. Ses sœurs l'ignoraient, mais elle avait bien plus d'audace qu'il n'y paraissait. Son misérable poste au secrétariat de la Place Émeraude ne lui avait pas été infligé pour rien: Eva savait pertinemment qu'elle serait capable de prendre le Capitole si notre Théa faiblissait. Après tout, Gina était l'aînée. Il faut que je mette la main sur cette douce sorcière, que je l'invite à notre table. Moi et Quinzel devons lui accorder notre sympathie si nous voulons un jour que le pouvoir nous revienne enfin. Mais le temps m'ait compté. L'ambroisie se fait si rare... Heureusement, Kingsley parvient par je ne sais quel tour de magie à recadrer ma carcasse de rouage... A ses yeux, mes aiguilles tournent à nouveau...