Point de bonne étoile pour la douce Eymroda. Unique enfant d'une madone laissée pour compte, le bambin voit sa jeunesse s'écarteler entre pauvreté et misère. Souvent, elle observe d'un œil perplexe les hommes dégouliner sur la silhouette échauffée de son seul repère. Sa mère s'offre aux mirettes pernicieuses de quelques gaillards à la langue pendante. Que fait-elle exactement ? Si jamais elle n'a daigné le lui dire clairement, Eymroda n'en a jamais douté. Alors, très tôt, elle se promet de dédier toute son existence à embellir celle de sa génitrice.
L'âge délicat de l'adolescence fleurit sur ses traits graciles. A l'image de sa mère, Eymroda égare les esprits de ses danses endiablées. Trop épuisée par les aléas de la vie, celle-ci s'insurge jour-après-jour du spectacle dégradant que s'impose sa propre fille. Ont-elles d'autres solutions finalement ?
C'est probablement lorsqu'elles sont au plus bas, qu'elles font la rencontre d'un Sultan. Subjuguée par la beauté d'Eymroda, il propose à celles-ci une vie bien meilleure. Sans hésiter une seule seconde, la plus jeune accepte dans l'espoir d'offrir à sa mère des jours plus doux, sacrifiant ainsi sa vertu. Cependant, l'homme n'est pas un saint. Retenue captive avec d'autres martyres, Eymroda ignore ce qu'il advient de sa génitrice après cela.
Les mois s'étiolent les uns après les autres. Et, chaque jour, Eymroda se perd dans quelques récits improbables afin d'oublier l'horreur de sa condition. Une-à-une, ses camarades de geôle disparaissent. Parmi les filles, d'atroces rumeurs circulent. Semblerait que le Sultan dévore ses compagnes. Paraîtrait qu'il les torture pour mieux s'en emparer. Alors voilà qu'elles se raccrochent aux contes de la belle, s'octroyant un instant d'accalmie à travers l'effroi d'une fin monstrueuse.
Pendant ce temps, la situation politique du pays se dégrade considérablement.
Chaque nuit, Eymroda se voit contrainte d'exposer ses charmes une fois de plus. Égérie d'un cabaret - soigneusement entretenu par le Sultan -, elle s'enlise sur quelques mélopées lancinantes. C'est ainsi qu'elle rencontre Ethân, alors qu'il s'accorde un brin d'évasion. Point de discours entre eux. Son regard épouse le sien, simplement.
Les assauts font rages au dehors. Eymroda profite du désordre ambiant pour fuir les griffes de son geôlier. Alors qu'elle détale à travers la cohue, flamme incandescente parmi la brume noire, une poigne de fer s'empare d'elle.
Ethân. Elle le reconnaît. Et ne rétorque pas lorsqu'il l'entraîne au loin.
Après cela, les deux compères ne se quittent plus. A la fois amants et amis, ils se raccrochent frénétiquement l'un à l'autre. Profondément meurtris par les affres de la guerre, Ethân tombe malade. Eymroda s'efforce alors de trouver un institut capable de soulager ses maux. Mais en vain. C'est lorsqu'ils perdent espoir, cependant, qu'ils vont rencontrer Vaud et James. Membres du Centre, ils apportent enfin quelques solutions aux souffrances du soldat.
Après cela, Eymroda prête sa main au projet fou des Grimm: réécrire contes et épopées chevaleresques.
Seulement, tout ne se déroule pas comme prévu. L'un d'entre eux dérobe la cause de leur succès. Une dispute éclate. Et voilà que la Confrérie toute entière se voit absorber dans leur propre saga.